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                                                                                                         Yvon TABURET

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                                                                                       J'écris des pièces de théâtre, essentiellement des comédies,

                                                                                       depuis une vingtaine d’années.
                                                                     J’ai commencé à écrire lorsque j’étais acteur et metteur en scène                                                                                          dans la troupe de théâtre de ma commune. A l’époque, nous avions

                                                                                       des difficultés à trouver des textes adaptés à nos attentes.

                                                                                       C'est ainsi que j’ai commencé à écrire.
                                                                                       L’accueil rencontré m’a incité à continuer, jusqu’au jour où un

                                                                                       éditeur m’a proposé d’être publié. 
                                                                                       En paraphrasant Yves Robert qui le disait à propos du cinéma,

                                                                                       je dirais que j’écris du théâtre Populaire avec un grand P. Je

                                                                                       revendique la majuscule avec fierté et insistance parce que pour

                                                                                       moi, écrire du populaire, ce n’est pas forcément faire de la

                                                                                       ''soupe'', mais c’est essayer d’être accessible au plus grand

                                                                                       nombre de spectateurs possible, y compris ceux qui n’ont pas de

                                                                                       culture théâtrale particulière.

                                                                                        Je le dis d’autant plus aisément que moi-même, je n’ai pas ou peu

                                                                                       de culture théâtrale. Si j’en avais eu, probablement que je n’aurais

                                                                                       alors jamais osé écrire une seule ligne. Mon «inculture» m’a

                                                                                       décomplexé et m’a permis d’écrire sans contraintes et sans

                                                                                       influences majeures. En revanche, nourri depuis l’enfance à la

  bande dessinée et à la chanson, j’ai toujours été sensible au rythme, au découpage.

  C’est pourquoi l’expression théâtrale que je propose privilégie l’événementiel, afin que le spectateur puisse

  se dire : ''Que va t-il se passer ? Où cela va t-il nous emmener ?''

  Le rythme et le rire, ingrédients indispensables dans une comédie, n’empêchent pas l’émergence de l’émotion

  ou même de la réflexion ; ainsi plusieurs de mes pièces abordent, sous un aspect humoristique, les thèmes de

  la tolérance vis à vis de la différence. (Différence de race dans "Les Parasites Sont Parmi Nous" différence de

  culture dans "Un Réveillon à la Montagne". "On a Perdu le Youki" ou "Une Star en Campagne").

Entretien avec Yvon Taburet

Yvon, peux-tu te présenter en quelques mots ? Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Où vis-tu ?

Je suis né prématuré, à 7 mois et demi de grossesse, ma mère a perdu les eaux un premier avril et poisson frétillant, je suis sorti du bocal maternel aux premières heures du 2. Cette blague familiale était-elle un signe prémonitoire ? Mon inconscient l’a sans doute interprété ainsi puisque dès le plus jeune âge, il me semble avoir eu cette propension à aimer le rire et à le faire partager.

A part ça, j’ai la chance de continuer à être amoureux depuis plus de 40 ans de la même femme qui m’a donné une fille et un garçon tous les deux formidables. J’ajouterai qu’en plus d’être intelligente et pas trop mal gaulée, c’est aussi une personne qui partage ma passion du théâtre et qui est capable objectivement de me donner des avis généralement très éclairés sur mes écrits.

Quand as-tu choppé le virus ? Pas cette satanée Covid-19, mais celui du théâtre et surtout de l’écriture.

Originaire des Côtes d’Armor, c’est en migrant vers le sud de la Bretagne que j’ai atterri, au début des années 80, dans une charmante commune rurale près de Vannes.

Un jour, une invitation à rejoindre la troupe locale a été mise dans ma boite aux lettres et c’est ainsi qu’en compagnie d’autres joyeux trentenaires, j’ai intégré la troupe. Je n’avais jusqu’alors jamais pratiqué cette discipline mais avais déjà eu l’expérience de la confrontation avec le public puisque dans le 22, je faisais partie d’un groupe qui proposait des chansons humoristiques de ma composition, mes premiers pas dans l’écriture ont donc commencé par la chanson (j’ai commencé à commettre mes premiers textes vers 15 ans, j’ai eu très vite la lucidité de comprendre que je ne serais jamais Brel, Brassens ou Ferré, j’ai donc choisi la voie de l’humour pour faire entendre ma voix.

Lorsque j’ai intégré la troupe de mon village, les anciens, acteurs chevronnés, ont proposé que les nouveaux fassent le lever de rideau avec une pièce en 1 acte. Nous avons lu plusieurs textes mais rien ne nous convenant, nous avons donc proposé une création. Ce qui devait être une création collective n’a finalement pas abouti puisqu’on passait plus de temps à boire des canons et rigoler qu’à chercher des idées, alors pour ne pas avoir l’air ridicule à la rentrée, je me suis attelé à la tâche tout seul. Finalement, cette pièce a été mise en scène et représentée. L’accueil du public a été très bienveillant et m’a incité à poursuivre l’écriture théâtrale avec des pièces plus importantes et puis un jour, encouragé par mon entourage, j’en ai proposé une à l’éditeur d’Art et Comédie, à partir de là, tout s’est enchainé et après quelques années et de nombreux succès d’éditions, j’ai décidé d’en faire mon métier.   

Qu’est-ce qui t’anime, en règle générale, dans l’écriture ?

J’essaie de proposer une forme théâtrale accessible à tous, axée évidemment sur l’humour, en privilégiant le rythme, les mises en situations, tout en essayant d’articuler une histoire avec des personnages qui évoluent en fonction de leur caractère. Un paysan ou un ouvrier s’exprimera autrement qu’un patron, un jeune loubard n’aura pas le même langage qu’une vieille mamie… Faire émerger cette diversité tout en restant au service de la narration, voilà ce qui me préoccupe lorsque j’écris. J’essaie aussi de varier les genres : Comédies policières, comédies rurales, comédies à thème sociétal, comédies burlesques…

L’humour que je propose n’est pas cet humour cynique très en vogue sur certaines chaines de télévision, à cela je préfère un humour plus bienveillant, je préfère rire avec les gens que contre les gens, j’aime l’humour qui fédère, c’est en cela que je me reconnais dans les vertus du théâtre en général et du théâtre associatif en particulier. Le théâtre associatif est un liant social considérable fondé sur l’enthousiasme collectif et souvent festif, rien ne me fait plus plaisir que d’être associé par mon écriture à cet état d’esprit.

Combien de pièces à ton actif ? Combien de représentations ?

A ce jour, j’ai écrit 30 pièces. 25 sont éditées chez Art et Comédie, une autre est en attente d’édition,  4 sont disponibles sur simple demande sur le contact de mon site. On peut en trouver de larges extraits sur les sites du proscénium ou de la Théâtrothèque. J’ai la chance d’avoir eu beaucoup de textes édités qui ont été représentés, principalement choisis par des troupes de théâtre amateur parce qu’elles recherchaient des distributions importantes correspondant à leurs attentes. A ce jour, ce sont 13948 séances déclarées à la Sacd que plus de 1600 troupes m’ont fait l’honneur de représenter.

Qu’as-tu ressenti lorsque, pour la première fois, une de tes pièces a été créée sur scène ?

Honnêtement, les premières fois, aucune joie personnelle. J’étais trop bouffé par le stress puisque je faisais l’acteur et assurais la mise en scène. En revanche, je participais avec grand plaisir à la joie collective, une fois la représentation terminée. Mes ressentis ont été beaucoup plus personnels lorsqu’une troupe extérieure a joué pour la première fois un de mes textes, et là beaucoup de jubilation intérieure mais aussi de l’étonnement ravi devant une mise en scène différente et des trouvailles auxquelles je n’avais pas pensé.

Quel rapport entretiens-tu avec les troupes qui te jouent ?

Un rapport de bienveillance et de gratitude. Lorsque je suis invité et que je le peux, je viens toujours avec grand plaisir applaudir les troupes. Bien sûr, je suis toujours plus heureux lorsque la qualité est au rendez-vous mais je connais aussi les contraintes du théâtre associatif où chacun est le bienvenu et où il est très difficile d’éliminer un participant si celui-ci a un jeu limité, c’est pourquoi, je n’irai pas cracher dans la soupe et ne fais jamais grise mine devant les prestations, du moment que chacun y a mis toute son énergie et sa sueur. J’ajouterai que depuis plus de 25 ans que je côtoie les troupes amateurs, j’ai pu constater l’évolution de celles-ci. Beaucoup de troupes sont passées du niveau de théâtre de patronage à un niveau d’exigence comparable à bien des troupes professionnelles. Bon nombre de compagnies  font appel aux services d’un metteur en scène qualifié, d’autres se forment aux techniques de son et lumière, quant aux décors, plus d’une fois, à l’ouverture du rideau, j’ai été bluffé.

Très souvent, lors d’une rencontre avec une nouvelle troupe, je suis ravi de constater que l’échange est très rapidement chargé de connivence. Alors qu’on ne se connaissait pas 2 heures avant, on se met à plaisanter, parfois on commence à se tutoyer comme si on se fréquentait depuis longtemps. Un jour, en Suisse, un metteur en scène est venu vers moi en me disant : « Tu ne me connais pas mais moi, je te connais, cela fait 6 mois que je vis avec tes mots » J’ai trouvé cela magnifique, c’est aussi cela la magie du théâtre.

Et avec les autres auteurs ?

Un auteur est un confiné volontaire. Son travail nécessite parfois d’être isolé de longues heures. C’est mon cas lorsque je suis en période de ponte, je peux rester des jours entiers collé à mon clavier, ce genre de comportement n’encourage pas le contact et on peut facilement se transformer en australopithèque si l’on y prend pas garde. Heureusement la famille et les amis sont là pour nous protéger de ces dérives et pour ne pas trop les saouler avec mes petites interrogations liées au théâtre, je me tourne alors vers certains auteurs qui partagent mes préoccupations.
C’est ainsi qu’au-delà de notre questionnement commun, certains d’entre eux, souvent rencontrés, sont devenus de vrais amis, je pense en priorité à ceux qui, comme moi, écrivent du théâtre de divertissement : La stéphanoise Marie Laroche-Fermis, le vendéen Jean-Claude Martineau ou l’auvergnat Christian Rossignol.

Sur ta page Facebook, tu as récemment posté une photo de toi avec Patrick Avalle, ancien éditeur d'Art & Comédie...

La célèbre Librairie théâtrale qui abrite les éditions Art & Comédie a connu un dépôt de bilan avant de renaître. Toi, pour qui nombre de tes pièces sont éditées chez Art & Comédie, comment as-tu vécu cette période ?

J’ai connu 4 éditeurs, Jacques Thareau, Patrick Avalle, Christophe Mory et depuis septembre 2019, des anciens salariés dont notamment Charles-Henri Ménival et Guillaume Benoit se sont mis en scop pour reprendre la librairie théâtrale et ses trois éditions : l’œil du prince, les éditions de la librairie théâtrale et naturellement Art et Comédie qui est la collection où je suis représenté. Le secteur de l’édition théâtrale est très fragile et ceux qui ont choisi de le faire vivre ou revivre l’ont fait et le font plus par passion que par intérêt.
Actuellement la crise sanitaire les fragilise plus que jamais et je crains qu’Art et comédie n’en fasse les frais. Cette collection ne devait sa légitimité qu’aux ventes réalisées en direction des troupes du secteur associatif, comme personne ne bouge en ce moment, le manque à gagner commence à se faire sentir donc si je peux profiter de cet interview pour lancer un appel : Si vous aimez et voulez soutenir le théâtre de divertissement, n’hésitez pas à vous rendre sur le site d’Art et Comédie et commandez un ou plusieurs livrets même si vous ne jouez pas tout de suite, votre acte solidaire favorisera sa survie.

Depuis 1 an maintenant que tous les théâtres de France ont baissé le rideau comment ça se passe ?

Après l’état de sidération que tous les secteurs ont connu, la révolte commence à monter surtout quand on voit à la télévision des spectacles où des figurants sont payés pour rire et applaudir, on se dit à quand la même chose avec un vrai public qui lui sera libre de s’enthousiasmer ou de critiquer gratuitement. Entre deux confinements, je suis allé voir des spectacles dont celui de Laurent Chandemerle qui a réuni plus de 1000 spectateurs (les spectateurs sortaient et entraient rangées par rangées et il n’y a pas eu d’entracte ni de buvette et tout s’est bien déroulé) c’était pourtant fin octobre. Tout cela pour dire qu’avec un minimum de précautions, de nombreux spectacles seraient possibles.

As-tu des contacts avec des troupes ? Que te disent-elles ? Comment vivent-elles cette année ?

La plupart sont très attentistes et ont gelé leurs projets. Certaines troupes veulent y croire et commencent à se préparer pour l’automne, d’autres ont carrément fait l’impasse sur 2021 et attendent 2022.

Comment vois-tu l’avenir ?

Le phénix renaitra s’il se fait vacciner, en attendant c’est fort possible qu’il perde quelques plumes. 

Une (ou des) pièce(s) en préparation ?

Une pièce en attente d’édition qui s’intitulera : «Ma femme est tombée sur la tête» Tout un programme.

Y’a-t-il un projet qui te tient à cœur et que tu aimerais pouvoir réaliser ?

Continuer à vieillir sans être trop touché par la «gagatude» en compagnie des gens que j’aime.

Si tu n’avais pas été «Yvon Taburet» auteur de pièces de théâtre, quel auteur de théâtre aurais-tu aimé être ? Pourquoi ?

J’ai parfois du mal à essayer d’être moi, ce serait terriblement prétentieux d’essayer de se prendre pour un autre.

As-tu une anecdote croustillante à nous livrer ?

Je me rappellerai toujours de ma rencontre avec une troupe aveyronnaise, ''Le Théâtre à Moudre'', troupe d’Onet-le-Château.Le responsable de la troupe Didier Dulac m’avait donné rendez-vous dans un bistrot puis m’avait proposé de venir voir leur local. Je m’attendais à un simple contact de courtoisie mais  arrivés sur les lieux, quelle ne fut pas ma surprise de voir que toute l’équipe m’attendait bouteilles à la main, cela s’est terminé par une grosse bouffe mémorable où en une soirée, j’ai découvert l’Estofinado de l’Aveyron, l’aligot de l’Aubrac et pour finir le gâteau aux noix, (que des choses légères!) le tout arrosé de Marcillac. Naturellement nous avons fait honneur à tous ces plats délicieux et nous sommes repartis avec une enclume dans le ventre et du bonheur plein les poches. Quelques mois après, je revenais pour les voir sur scène et pour constater qu’en plus d’être une troupe super accueillante, elle était aussi merveilleusement talentueuse.

Enfin, peux-tu nous dire quel est ton proverbe ou ta citation de chevet ?

"Ne faites pas aux autres ce que vous voudriez qu’on vous fasse, ils n’ont peut-être pas les mêmes goûts''.

''Assumons nos différences et faisons en des richesses."

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